Paracha Choftim
Paracha Choftim 5775 : Devenir son propre juge
« Quand le sage s’arrête-t-il d’étudier ? Quand on ferme son tombeau » (Confucius)
Début de la Paracha
Tu établiras des juges et des exécutants dans toutes les portes (des villes) que l’Éternel, ton Dieu, te donne, selon tes tribus ; et ils jugeront le peuple avec justice. Tu ne détourneras pas le droit, tu ne feras point de préférence, et tu ne recevras nul présent, car les présents aveuglent les yeux des sages et corrompent les paroles des justes. Justice, justice tu poursuivras, afin que tu vives et que tu hérites le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne.
Maitriser le feu
En créant l’humain, Dieu ne crée pas un ange, pas plus qu’un démon d’ailleurs. Ich « homme » – Ichah « femme ». Parité originelle incontestable. La« chémie » sémantique, qui est chimie rabbinique, décompose les corps des mots, comme le chimiste les constituants des corps. Ich et Ichah possèdent deux lettres communes : aleph – chin qui associées donnent ECH « feu ». Mais Ich possède spécifiquement la lettre Youd ; Ichah spécifiquement la lettre Hé. L’homme, la femme : des êtres de feux, des énergies vivantes, des éros. Le Youd et le Hé forment YAH, le diminutif du saint tétragramme (YHWH). Contrôler le feu de nos passions que le divin Père a placé en nous, en faisant briller Sa lumière en nous, en dehors de nous, dans la cité. « Tu établiras des juges… dans tes portes » : portes de tes villes ! Portes de tes vilénies aussi ! Pour corriger tes débordements… pour apprendre à vivre avec autrui… pour que tu ne deviennes pas le Caïn d’Abel. Construire une société viable, qui produit du respect, de la solidarité, de l’entre-aide, qui évacue autant que possible notre côté prédateur, rapace. « Dans ville, il y a vie » déclare une publicité lue subrepticement dans le métro. Victoire du néocortex sur le cerveau reptilien.
Quatre pouvoirs
Notre paracha mentionne quatre pouvoirs : Le juge (chofet), le prêtre (cohen), le roi (mélekh), le prophète (navi). Le juge dit la Loi. Le prêtre dit la Bénédiction. Le roi dit la Paix. Le prophète dit l’Histoire. Rav Yéshayahou Halevi Horowitz (1558 – 1630) fait remarquer que les initiales de ces quatre pouvoirs forment le mot MICHKAN = le Sanctuaire (portatif du désert) ; littéralement « lieu de la résidence (divine) ». Dieu ne réside pas dans une boite ou dans une armoire, aussi consacrées soient-elles ? « Le ciel est mon trône, la terre mon piédestal, quelle maison pourriez-vous Me construire ? » demande Isaïe. Dieu réside au milieu d’une humanité qui le laisse résider, quand les pouvoirs se mettent au service d’autrui, quand ils permettent à chacun d’être éduqué, grandi, élevé (dans tous les sens du terme).
Notre feu voudrait s’accaparer le pouvoir ; il voudrait brûler dans l’immédiateté du jouir ; le nom de Dieu appelle à offrir de son feu pour le bien d’autrui, pour le bien de la cité, pour ce que l’on nomme pieusement « la gloire de Dieu ».
Il n’y a aucune preuve de l’existence ou de l’inexistence de Dieu, mais il est des lieux où il fait bon vivre, où l’atmosphère n’est pas polluée par des idées jalouses, des paroles grossières, des gestes violents. Ce n’est pas une preuve, mais ce sentiment de paix extérieure et intérieure pourrait se nommer Présence divine. Nous le vivons lors de nos offices par exemple. Le triomphe du Yah sur Ech. Que nous en soyons toujours les promoteurs !
Chabbat chalom
Rabbin Philippe Haddad
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