Voeux de chana tova
Sof maâssé béma’hachava té’hila.
« L’accomplissement de l’acte est dans la pensée originelle ». Prière Lekha Dodi
Chers amis,
Il est de coutume en Israël, entre Roch Hachana et Kippour, de se souhaiter chana tova « une bonne année », et d’ajouter que chacun soit inscrit dans « le livre de la vie », le sefer ha’haïm.
Les mails circulent, le téléphone vibre, les cartes de vœux restent encore d’usage pour une certaine génération, sans oublier nos congratulations verbales à la fin de nos solennels offices de tichri.
Un réseau de bénédiction
J’aime à penser que par ces vœux échangés, nous formons un réseau de bénédictions et de pensées positives, dans ce monde de réseaux anonymes et parfois haineux.
La pensée ? Elle oriente nos paroles et nos gestes.
Tout commence par elle (peut-être nous survit-elle?), sinon la parole se réduirait à une suite de syllabes, et le geste à quelques automatismes.
La pensée forme, façonne, alimente l’intention.
Le Talmud considère que la « mitsva », que le commandement est pleinement accompli si la pensée précède l’acte.
C’est pourquoi la femme récite la bénédiction avant l’allumage des bougies du Chabbat, et l’homme bénit l’Eternel avant de se revêtir de son châle de prière.
Ici et là, pensée, parole et acte s’harmonisent devant la Source de vie.
La pensée est au corps ce que la sève est à l’arbre ; et une prière sans intention de pensée (kavana) ressemble à un corps sans âme ; un cadavre devant Dieu ; « et les morts ne louent pas le Seigneur » chante le psalmiste.
La vie et les vies
La pensée alimente la vie.
La pensée, aussi primitive soit-elle, pourrait-être l’intime de la vie, son point zéro.
La mitose ? Une cellule se décompose en deux. Pourrait-on dire que la cellule « pense » à sa vie, au prolongement de sa vie ?
La vie ne se suffit jamais à elle-même, elle pousse toujours vers un au-delà d’elle-même.
Les insecticides n’ont pu éteindre la vie de quelques moustiques, car la vie (animale ici) a « pensé » à des modalités de conservation.
La vie porte sa propre survie.
L’Hébreu l’a perçu dans sa langue qui utilise un pluriel « ‘haïm »pour dire la vie, toujours vecteur de VIES.
« Et l’Eternel (YHWH) Dieu (ELOHIM) insuffla dans ses narines (d’Adam) la respiration des vies (nichmat ‘haïm) » (Gn 2, 7).
Le livre de la vie
Que nous souhaiter en ce début d’année ? La santé d’abord !
Bien sûr, car comment accomplir sa vie d’Homme, sa mission humaine, alité avec 40° de fièvre ?
Santé de nos organes dans leur fonction dévouée, santé de notre sang qui transporte l’oxygène, santé de nos articulations pour ne pas trop sentir le poids du corps et de l’âge, santé de notre esprit aussi, libéré le plus possible des soucis d’argent et des mauvaises nouvelles, pour mieux louer la résurrection de chaque respiration. La santé donc !
Quelques vœux
J’ajouterai pour conclure que chacun d’entre-nous soit une lumière de vie pour l’autre, l’autre de notre communauté certainement, mais sans oublier l’autre de la rue, l’autre du bout du monde. Que sous notre langue, nous placions la douceur du miel et du lait, selon la formule du Cantique des cantiques. Que nos paroles de l’un vers l’autre soient emplies de respect, même si l’amour ne peut-être toujours au rendez-vous, même si c’est pour dire « je ne suis pas d’accord avec toi ». Que notre synagogue retentisse des chants de nos prières puissantes et légères à la fois, des mots de nos enfants étudiants la Torah, et que le temps du kiddouch reste un moment de convivialité pour refaire le monde, et nous gardions notre ferveur en un monde meilleur qui dépend aussi de chacun de nous. Car « l’homme doit se dire : c’est pour moi que le monde a été créé. » (TB Sanhédrin 37 a).
Chana tova oumétouka.
Rabbin Philippe Haddad
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